A Lyon, un conseiller principal d’éducation en grève de la faim

jeudi 25 janvier 2007

Il conteste sa mutation à 300 km de sa famille pour « comportement agressif et violent » • Une action des syndicats envers Dominique de Villepin est envisagée

Par Adrien Majourel

C’est de nouveau le bras-de-fer. Roland Veuillet mène une seconde grève de la faim depuis un mois, après quatre ans de combat et près de 16500 kilomètres courus pour dénoncer la sanction disciplinaire qui le frappe. Ce CPE (conseiller principal d’éducation) âgé de 50 ans et syndicaliste actif en poste au lycée Dhoda à Nîmes avait soutenu en janvier 2003 une grève de surveillants qui s’était étendue à l’ensemble de la France. Sa hiérarchie lui a alors reproché d’avoir empêché le remplacement des grévistes par des élèves majeurs, qui devaient assurer la sécurité de l’internat.

Son engagement n’a pas été apprécié par le recteur et le proviseur du lycée. Roland Veuillet, dans un premier temps suspendu, est passé devant le conseil de discipline, puis fut muté à Lyon, à 300 kilomètres de sa famille. L’administration a justifié sa décision en évoquant un « comportement agressif et violent » qu’il aurait eu envers des fonctionnaires de son lycée. Lui ne cesse d’y voir « un acte antisyndical caractérisé ».

Depuis, il a entrepris de nombreuses actions. Des marathons qu’il appelle « arbitrairathon », pour « évacuer la tension accumulée ». Mais aussi des grèves de la faim dont la dernière a commencé il y a un mois. La précédente avait duré 39 jours, jusqu’à ce que l’administration nomme un médiateur. Cette fois-ci, il s’est installé dans un camping-car, devant le tribunal administratif de Lyon où son dernier recours a été rejeté.

La cour administrative, qui ne juge que la forme, n’a pas accepté son recours mais a semblé être en accord avec l’avis du Conseil supérieur de la fonction publique qui a demandé la levée de la sanction en 2006. Le bras-de-fer s’éternise et personne ne semble vouloir lâcher. Depuis le début de sa grève de la faim, Roland Veuillet a d’ailleurs reçu trois lettres lui indiquant qu’il risquait une radiation des cadres pour abandon de poste.

Lors d’une conférence de presse, les syndicats SUD Éducation, Snes, FSU, VNT et SNCA ont tenu à rappeler leur soutien à Roland Veuillet et ont condamné ce qu’ils qualifient de « despotisme de la haute fonction administrative de l’éducation nationale ». Selon Laurence Pennequin, co-secrétaire générale de SUD éducation, « la seule issue est politique. Sinon, c’est le conseil d’Etat et c’est reparti pour deux ans. » Ils envisageraient alors une action envers Dominique de Villepin qui « pourra peut-être faire pression sur le ministère de l’éducation nationale ».

Maurice Rasjfus, président de l’Observatoire des libertés publiques, a dénoncé une situation « ou la sanction remplace le dialogue » et où « être syndiqué transforme un enseignant en suspect ». Par ailleurs, le sociologue et écrivain Philippe Corcuff se mettrait en grève de la faim aux côtés de Roland à partir du 31 janvier.

Enfin, un manifeste de soutien signé par près de 50 personnalités (dont Albert Jacquart, Scharb, Monseigneur Gaillot) circule sur Internet.

mis en ligne par Gilles Frapper

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