Gilles de Robien va-t-il laisser mourir Roland Veuillet ?

mardi 6 février 2007

Injustement sanctionné, Roland Veuillet, CPE, entame sa 6e semaine de grève de la faim. Pour l’heure, le ministre reste muet.

Par Marie-Noëlle Bertrand

Sixième semaine sans manger et Gilles de Robien ne fait rien. Le cas de Roland Veuillet, conseiller principal d’éducation (CPE) sanctionné pour fait militant suite à une action menée dans son établissement, n’est plus inquiétant. Il est grave : en grève de la faim depuis le 24 décembre pour exiger l’annulation de la mesure disciplinaire dont il fait l’objet, l’homme est dans un état alarmant. Il a perdu 18 kg - et si sa forme générale reste bonne, les conséquences seront, elles, lourdes et durables.

Soutenu dans sa lutte par SUD éducation, son syndicat, et la majorité des organisations de l’éducation nationale [1], il a été rejoint dans son action par l’universitaire Philippe Corcuff, qui refuse lui aussi de s’alimenter depuis le 31 janvier. Et jeudi dernier, les délégués du congrès de la FSU ont interrompu leurs travaux pour manifester devant le siège de France 3.

L’histoire, elle, traîne depuis longtemps. En 2003, les aides éducateurs [2] au lycée Dhuoda de Nîmes se mettent en grève pour protester contre la liquidation de leurs postes. Roland Veuillet sera l’unique titulaire à rejoindre la lutte, à la suite de quoi il fera l’objet d’une sanction et d’une mutation vers Lyon.

Père de 3 enfants, Veuillet conteste et se lance dans une série d’actions d’autant plus radicales qu’il les mène tout seul. Marathonien, il va courir pendant des mois : 16 500 kilomètres parcourus en trois ans et demi. En 2004, il entame une première grève de la faim - elle durera trente-neuf jours - et campe, dans sa voiture, devant le ministère de l’Éducation nationale. Syndicats et parlementaires communistes interpelleront le ministère à plusieurs reprises.

En janvier 2005, le Conseil supérieur de la fonction publique (CSFP) reconnaît enfin le caractère injuste de la sanction prononcée et plaide pour sa levée. Mais cet avis n’est que consultatif, il restera sans effet. Le ministère de l’Éducation se dit prêt à réaffecter Roland Veuillet à Nîmes, mais refuse toujours de lever le blâme. Le CPE reprend alors sa course. Et, depuis quarante-quatre jours maintenant, sa grève de la faim. Gilles de Robien ne s’en émeut pas. Et profite d’un laxisme propre à son ministère pour mépriser l’avis du CSFP quand, dans la fonction publique territoriale, par exemple, il n’aurait eu d’autre choix que de l’appliquer.


[1Deux pétitions peuvent être signées en ligne sur Internet.

Celle de son comité de soutien : http://roland-veuillet.ouvaton.org/?petition-de-soutien

Et celle de l’intersyndicale : http://www.sudeducation.org/article1894.html

[2Ex-emplois jeunes de l’éducation nationale.

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