Roland Veuillet, franc tireur et cible idéale

mercredi 14 février 2007

Éducation . Le conseiller principal d’éducation entame son 53e jour de grève de la faim. Le ministère refuse toujours de lever la sanction.

Combien de temps encore ? Roland Veuillet, conseillé principal d’éducation (CPE) sanctionné suite à un mouvement de grève, entame aujourd’hui son 53e jour sans manger. Hospitalisé samedi, il a perdu plus de 20 kilos et refuse toute perfusion. Son état est jugé « inquiétant » par les médecins. Ses proches s’alarment. Sud éducation, dont il est membre, dénonce les mensonges « assassins » du ministère. Hier, des représentants de la FSU et de la FERC-CGT organisaient un point presse rue de Grenelle pour alerter. Marie-George Buffet, députée communiste de Seine-Saint-Denis, a, elle, posé une question écrite à Gilles de Robien afin qu’il dise s’il entend débrouiller cette histoire avant qu’elle ne vire au drame.

Seul le silence leur fait écho, exception faite d’un communiqué ministériel, jeudi dernier, indiquant que

la sanction prononcée en juin 2003 ne sera pas levée. Cette même année, en janvier, les surveillants de Nîmes entament une lutte contre l’extinction de leur statut [1]. Dans le lycée où exerce Roland Veuillet, le proviseur fait appel à des élèves de terminale pour remplacer les grévistes. Seul titulaire à participer au mouvement, Roland Veuillet joue de sa fonction afin de s’y opposer. Le ton monte, la direction entame une procédure disciplinaire pour « atteinte au fonctionnement de l’établissement ainsi qu’à la sécurité des personnes ».

En avril, sans avoir eu connaissance des griefs qui lui sont reprochés, Roland Veuillet est convoqué devant le conseil de discipline académique. Outre d’avoir « contrecarré le dispositif » mis en place, on lui reproche son « agressivité » à l’égard de collègues. Finalement, ni le délibéré, ni les votes ne tranchent en faveur d’une sanction. Elle tombe pourtant en juin, sur la seule décision du recteur de l’académie de Montpellier-Nîmes : Roland Veuillet est muté dans celle de Lyon, à 300 kilomètres de chez lui. Père de trois enfants, il dispose de 48 heures pour être à son poste.

Les syndicats sont unanimes : le CPE est victime d’une répression antisyndicale. « Le rapport du recteur lui reproche des faits militants », explique Laurence Pennequin, cosecrétaire nationale de Sud éducation. Marathonien, Roland, lui, va courir en guise de protestation : 16500 kilomètres en trois ans. En 2004, il entame une première grève de la faim. Elle durera trente-neuf jours.

Il dépose également un recours pour excès de pouvoir devant le tribunal administratif de Lyon, qui rejette sa requête. Et saisi le Conseil supérieur de la fonction publique. Le 14 mai 2005, celui-ci rend son avis : favorable à Veuillet, il plaide pour la levée de la sanction. En octobre 2006, le commissaire du gouvernement rend la même conclusion. Sans effet sur Gilles de Robien, qui se contente d’autoriser le CPE à demander sa mutation vers son académie d’origine. Sans garantie de réintégrer son établissement. Et sans levée de la sanction administrative. Veuillet refuse. Reprend sa course. Et, depuis le 24 décembre, une grève de la faim. Jusqu’au-boutiste à souhait et un brin franc-tireur. Le genre à s’isoler. La cible idéale.

Marie-Noëlle Bertrand


[1Il s’agissait des aides-éducateurs (emplois-jeunes) et des MI-SE, maîtres d’internat- surveillants d’externat, deux statuts mis à bas par le gouvernement Raffarin.

Répondre à cet article



Suivre la vie du site RSS 2.0 | Réalisé avec SPIP, valide Valid XHTML 1.0 Transitional et Valid CSS!
L'équipe du site se réserve le droit de modérer les messages non conformes à la nétiquette